Devenir maman grâce à l’ovule d’une autre

Bien que sachant qu’une grossesse spontanée serait impossible en raison de l’anomalie génétique qui la rend stérile, Lien (31 ans) voulait devenir maman. Avec beaucoup d’amour et l’aide de la science, son rêve s’est réalisé : elle a pu donner naissance à son petit Lowie (19 mois), qui a grandi en elle après que l’ovocyte d’une donneuse anonyme ait été fécondé in vitro par le sperme de son mari. On vous en dit plus sur le don d’ovocyte à travers cette histoire poignante.
Devenir maman grâce à l’ovule d’une autre 2024-03-18 09:19:21.163246

Lien : « Je suis née avec le syndrome de Turner, une anomalie chromosomique qui ne touche que les filles. Aux portes de l’adolescence, j’ai eu beaucoup de mal lorsque mon psy a parlé de mon infertilité. J’aimais déjà beaucoup les enfants. Lorsque j’ai rencontré Tom, en 2009, j’ai joué cartes sur table. Il était déjà papa d’Emily. Il m’a dit qu’un jour, quoi qu’il advienne, nous aurions un enfant ensemble ».

« Je savais que le parcours serait semé d’embûches mais j’avais confiance ! Nous avons très vite envisagé le don d’ovocytes, qui nous semblait le plus proche de la parentalité naturelle. Une fois la donneuse anonyme compatible trouvée, j’ai suivi un traitement préparatoire et, quelques mois plus tard, nous avons pu procéder à l’implantation de l’ovocyte fécondé. Ça a marché tout de suite et j’ai pu pleinement profiter de ma grossesse. À 36 semaines, j’ai eu un décollement de placenta et donc une césarienne en urgence… mais un beau bébé de 3 kg et de 52 cm ! Lowie est un vrai miracle ! »

Quand a-t-on recours à un don d’ovocytes/ovules ?

De plus en plus de couples se pressent aux consultations des spécialistes en fertilité parce qu’ils ne parviennent pas à débuter une grossesse de manière spontanée. Les causes d’infertilité sont nombreuses et viennent aussi bien de l’homme que de la femme : âge, troubles de l’ovulation, mauvaise qualité de sperme ou, dans le cas du don d’ovocytes, l’incapacité pour certaines femmes de mener une grossesse à partir de leurs propres cellules reproductrices. 

L’infertilité liée aux ovocytes peut être due à une anomalie génétique (c’est le cas de l’insuffisance ovarienne dont souffre Lien), à une ménopause précoce ou à l’absence d’ovaires.

Les femmes pour lesquelles un tel diagnostic est posé peuvent toutefois, grâce aux progrès éprouvés des techniques de la médecine reproductive, bénéficier d’un don : les ovocytes sains d’une (généreuse !) donneuse qui a accepté de suivre une stimulation ovarienne sont prélevés par ponction, puis fécondés in vitro (FIV) par les spermatozoïdes de leur compagnon. 

Ensuite, l’embryon fertilisé est transféré dans l’utérus de la future maman. La grossesse peut alors se poursuivre comme une grossesse normale : on espère que l’embryon va s’implanter et se développer.

Les étapes de la procédure

1. Diagnostic et autorisation : une série d’examens permettent de déterminer si le couple est admissible au don d’ovocytes. Lien témoigne :  « Il se pouvait par exemple que j’aie des problèmes cardiaques. Notre démarche devait aussi être autorisée du point de vue psychologique ».

2. Recherche de donneuse ou mise sur liste d’attente : en Belgique, le don d’ovocytes est toujours gratuit. Il est soit :

  • dirigé : dans la grande majorité des dons d’ovocytes, la donneuse fait partie de l’entourage (sœur, amie, collègue…).
  • anonyme : les couples receveurs, comme Lien et Tom, qui ne connaissent pas de donneuse dans leur entourage sont placés sur liste d’attente pour un don anonyme et prennent alors leur mal en patience jusqu’à ce qu’une donneuse anonyme compatible se présente.
  • par permutation : une connaissance est disposée à faire un don mais la donneuse ou son partenaire préfèrent un don anonyme. Dès lors, cette donneuse fait don de ses ovocytes de manière anonyme à un autre couple et, en échange, le couple concerné reçoit les ovocytes d’une autre donneuse anonyme.

3. Préparation côté donneuse : divers examens préalables, consultations gynécologiques, entretien(s) avec un psychologue, participation à une séance d’information sur la FIV, soutien psychologique.

4. Traitement : synchronisation des cycles de la donneuse et de la receveuse par manipulation hormonale. C’est-à-dire que celui de la donneuse est stimulé afin d’obtenir plusieurs ovocytes, pendant que celui de la receveuse est mis au repos et que son endomètre arrive à maturation grâce à l’administration d’hormones.

5. Dès que les ovocytes sont à maturité : les follicules présents dans les ovocytes de la donneuse sont collectés par ponction, sous anesthésie générale.  Ce jour-là, l’échantillon de sperme du donneur, frais ou décongelé, est mis en contact avec les follicules. Après 2 à 5 jours de « culture », le ou les follicules fécondés (c’est-à-dire le ou les embryon(s), de 1 à 3 selon divers facteurs) sont transférés dans l’utérus de la receveuse. Elle continue la prise d’hormones jusqu’au test de grossesse, puis pendant les 3 premiers mois de grossesse.

Limites d’âge et taux de réussite

Concernant les receveuses, la loi belge en application depuis le 27/7/2007 prévoit des limitations d’âge strictes :

  • Demande d’implantation d’embryons ou insémination de gamètes : femmes majeures jusqu’à la veille du jour anniversaire des 45 ans ;
  • Implantation d’embryons ou insémination de gamètes : femmes majeures jusqu’à la veille du jour anniversaire des 47 ans.

Au niveau des donneuses, il est recommandé de recruter des femmes ayant au moins déjà un enfant et moins de 36 ans, afin de limiter les risques de trisomie 21 et d’augmenter les chances de grossesse tout en diminuant les risques de fausse-couche. 

En moyenne, on estime que plus de 60% des receveuses d’un don d’ovocyte seront enceintes au terme du 3e transfert d’embryon. Ce qui ne signifie malheureusement pas que ces grossesses seront menées à terme… loin de là.

Retrouvez plus d’infos sur le don d’ovocytes sur www.eiceldonor.be

Retrouvez plus d’infos sur le don d’ovocytes sur www.eiceldonor.be/fr/

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